.
A seulement 24 ans, le Breton Jérémy Bescond est déjà un coureur expérimenté et réfléchi, surtout doté d’une certaine relativité sur le cyclisme actuel. La faim de victoires, la hargne, le gamin qu’il était il y a peu de temps, il l’a eu! Mais comme le disent souvent les champions cyclistes, il faut aussi le facteur chance. Et sur ce sujet, Jérémy Bescond a mangé son pain noir, la « poussière » il en a bien « bouffé ». Il faut juste imaginer que le jeune Breton, alors en plein essor, 2ème du GP de Plouay amateur derrière un certain Bryan Coquard, recruté ensuite par le team Cofidis , a été frappé de plein fouet par une mononucléose peu de temps après ces débuts pros. Et le sort s’acharna de nouveau , quand à peine remis de cette « saloperie », le voilà de nouveau touché par une toxoplasmose alors qu’il était promis à de beaux podiums. Le genre de maladie qui vous assomme durant 2 ans. Le résultat ne se fit pas longtemps attendre et le team Cofidis décida de s’en séparer la saison dernière. De quoi ranger définitivement la machine au fond du garage. Mais contrairement à de nombreux champions, le jeune Bescond en a tiré une certaine philosophie , un certain recul, et réussit à garder ce dont il a appris au plus profond de lui étant jeune sur les routes de l’Alpe d’huez: le plaisir de rouler.
.

Be Celt: » Jérémy Bescond, 1er au GP Delorme de Liergue il y a un mois, 2ème sur le GP de Plumelec il y a 2 semaines malgré un problème mécanique sur le final, la forme est là. »
Jérémy Bescond: » Oui, je suis ravi des ces bonnes places. Pour le GP de Plumelec, c’est vrai que j’ai eu un problème mécanique dans le final mais c’est la course. Nicolas David était fort ce jour là et c’est un beau vainqueur, et franchement je ne sais pas si j’aurais pu le battre. Mais je me suis surtout fait plaisir de jouer devant, et ça pour moi c’est le plus important, me faire plaisir. »
Justement, vous avez choisi de rouler pour le Team « Charvieu-Chavagneux Isère Cyclisme », pourquoi ce choix ?
J.B: » Je ne voulais plus de pression. Ma priorité reste le plaisir de rouler, à l’entraînement ou en compétition. En DN1, il y a trop de pression sur le coureur, avec un calendrier chargé qui ne laisse que peu de temps pour regarder la vie qui défile, à être parmi les siens. J’ai choisi le sud de la France, car c’est là que j’ai vécu étant jeune avec ma famille. De plus, le team ne me met pas la pression pour les courses ou les résultats, ici on marche un peu avec ce réel esprit de famille, c’est très important pour moi et je m’y sens vraiment bein. Du coup, j’étais sur le Championnat Rhône Alpes ce week-end (Il prend la 4ème place), là où réside mon team.

Je suis Breton, mais j’aime les routes des Alpes et ces cols, et la Bretagne n’a pas ce genre de profil que j’aime. Tout gamin, je me régalais à les monter ces lacets et regarder ces paysages arrivé en haut, le vélo posé à mes côtés, donc du coup j’ai voulu y revenir. La culture vélo y est certes moins importante que dans notre Bretagne, mais ici, je peux admirer les paysages en haut des cols, prendre le temps de profiter de ce que la région m’offre. »

.
Le plaisir de rouler est vraiment votre priorité
J.B: « Oui, après mes 2 années de galère avec les maladies, j’ai fait une petite dépression. Mais à la suite de ça, j’ai compris ce qui m’importe vraiment: être heureux sur le vélo. Quand j’étais gamin, mes parents ne m’ont jamais poussé à pratiquer ce sport, bien au contraire. Je me suis lancé tout seul, mes parents étaient proches de moi bien sûr mais ils ne venaient pas me voir aux courses forcément, c’était mon monde, ma bulle, là où je m’éclatais. Donc suite à mes 2 années de pros chez Cofidis, j’ai fait un break, j’ai fait le tour de la question et j’ai ressenti ce besoin d’enfourcher mon vélo et d’aller où je voulais, de retrouver ma liberté si chère (rires). »

.
Vos souvenirs des années Cofidis ?
J.B: » J’en ai de très bons, comme par exemple sur le Tour de Turquie il y a 2 ans, Rein Taramaë était le leader du général et Romain Hardy était second. Je partageais la chambre avec lui, là on s’est bien défoncé pour le team dans une super ambiance. Même si on perd le maillot au final, c’était un grand moment entre potes d’un même clan. De même sur le Tour d’Autriche, il y avait des belles côtes comme le terrible Kitzbüheler Horn (10 km à 13% de moyenne). Avec le même esprit, c’était vraiment de grands moments. Par contre, les mauvais passages, je les ai mis volontairement de côté, je ne les ressort pas. Il était écrit que je ne ferais que 2 ans avec mes problèmes de santé, voilà c’est comme ça, c’est tout. D’autres n’ont pas eu cette chance d’être pro, moi si et j’en garde une expérience positive de cette école de la vie finalement. »

Vous gardez toujours le contact avec vos anciens coéquipiers ?J.B
: « Oui, certains sont devenus des amis comme Romain Hardy, Julien Simon, Jérôme Coppel, Christophe Le Mével, on s’envoie des textos régulièrement entre nous. Je vous l’ai dit, c’était une bande de potes ce groupe, on vivait nos aventures dans une grosse écurie comme Cofidis. »
Vos ambitions pour le reste de la saison?
J.B: » Prendre du plaisir sur une vélo, et continuer à être heureux dans ce sport! »
