
La première manche du Celtic Challenge (classement entre la An Post RAS et le Kreiz Breizh) vient de se terminer et déjà le Team An Post ChainReaction a pris les commandes avec une large avance sur celui du Team Pays de Dinan. Les organisateurs du Kreizh Breizh Alain Baniel et Tony Campbell de la An Post RAS, tous 2 à l’origine de ce projet inédit dans le monde des courses pros de classe 2 , retiennent un bilan très positif et espèrent agrandir le pont entre les cousins Celtes. A la grande surprise d’Alain Baniel, pas adepte de la langue de bois, qui a réalisé que la région Bretagne reste très méconnue en Irlande. Ce dernier a bien voulu livrer ces impressions à Be Celt.

.
Be Celt: « Alain Baniel, quel bilan tirez vous de cette première manche du Celtic Challenge? ».
Alain Baniel: « Ouf! Une grande équipe An Post ChainReaction! 3 gars dans les 10 premiers du général, tout le team dans les 20, 4 victoires d’étapes, c’était leur course. Ils étaient chez eux, invincibles. Mais le Team Pays de Dinan s’est bien battu pour un team élite. Elie Gesbert s’est vraiment démené dans la grande étape du Connemara, en tête alors que le peloton était complètement explosé avec des conditions climatiques dantesques. Aurélien Daniel, victime d’une chute mais qui le lendemain joue la gagne dans l’échappée. Au général, ils sont 3 dans les 25 premiers avec Gesbert, Journiaux et L’Hermite, c’est quand même bien quand on voit le niveau très relevé de cette course.
Ce qui les a perdu, c’est la première étape. Cette grosse échappée et un peloton qui laisse filer, ils se sont fait piéger avec plusieurs minutes de retard.

.
Une grande différence entre les courses Françaises et Irlandaises ?A.B:
« Pour le cas de la An Post, oui c’est clair! Chez eux, ils attaquent tout le temps. Dès le drapeau baissé, ça démarre, qu’importe le temps, le vent ou la distance. Chez nous, le peloton laisse filer et revient dans les derniers km. Chez eux, ils veulent se battre et ils y vont, c’est leur île, il faut briller devant leur peuple. Ces étapes du Connemara m’ont vraiment marqué. La pluie , le vent qui s’engouffre dans des anciens fjords, les paysages incroyables et les Irlandais qui vont au charbon! Cette course a une âme à part entière et Michel Sardou s’en est sans doute inspirer quand il a écrit cette chanson ! (rires). »
L’ambiance ?
A.B: « Enorme, une foule incroyable surtout sur les 2 dernières étapes. C’est vraiment un pays de vélo, ils en font tous là bas maintenant. Nous, on a encore l’image de l’Irlande des années 70, mais ça a énormément changé. Le cyclisme y est un sport très populaire. Il faut juste imaginer que les écoles s’arrêtaient pour venir voir la course, tous habillés en vert! On ne voit pas ça chez nous, c’était incroyable. Je comprends pourquoi Bernard Hinault y a été parrain sur le Connemara ces 2 dernières années .
Et ces pubs qui font partis de la tradition Irlandaise. C’est plus qu’un bar, c’est le lieu où tout le monde se rejoint pour discuter, décider, et rêver. Je suis pour cette tradition (rires)! Tout se fait au pub. C’est un pays qui grandit vite, à la pointe de la technologie mais qui garde ces traditions ancestrales, c’est une ambiance de fou, et de merveilleux fous ! »

.
Comment vous ont ils accueillis?
A.B: « Déjà, ça fait 2 ans que l’on est jumelé avec la RAS grâce à John Horgan et Jean Vantalon, et on se voit tous régulièrement, soit en Irlande, soit en Bretagne. Donc cela facilite l’accueil. On se sent chez nous en Irlande et eux de même sur le centre Bretagne. Mais il y a quand même des choses qui m’ont frappé. Les Irlandais ne connaissent pas, en général, la Bretagne. Nous tenions le rôle d’Ambassadeur du coup. »

.
La Bretagne méconnue du public Irlandais ?
A.B: « Oui, ça m’a vraiment frappé. On a traversé l’Irlande de long en large, de villes en villes, de villages en villages et à chaque fois, on distribuait des petits drapeaux Bretons et on parlait avec le public. Hormis les initiés des pays et régions celtiques, les gens ne la connaissaient pas du tout! On leur disaient que l’on était Breton et ils nous demandaient dans quel pays d’Europe nous étions situés, c’est incroyable non ?
Je suis Breton, fier de l’être, je parle la langue de mon pays et j’ai réalisé que nous n’étions pas du tout connu à l’étranger et particulièrement en Irlande. vu de Bretagne on pense être une région vraiment réputé à travers le monde, et bien ce n’est pas vrai, on se regarde le nombril je pense. Il a fallut expliquer au public que l’on était des Celtes comme eux, que nous étions une région de France mais que nous avions les mêmes origines. Nos élus devraient se pencher sur notre image à l’étranger je pense, la Bretagne est complètement méconnue du grand public hors France. Je leur disais que nous avions le plus grand festival interceltique d’Europe, ils n’en revenaient pas que cela existait chez nous, ils ne connaissent pas du tout, leurs médias non plus par ailleurs quand je leurs en ai parlé, ils sont restés surpris. Cela fait 2 ans que je sillonne cette île et si on veut que notre Bretagne rayonne à l’étranger, il faut aller se présenter! Les Irlandais ne demandent qu’à connaître la Bretagne, un pays qui ressemble à leur île ! »
.

La 2ème manche du Celtic Challenge aura lieu sur le Kreiz Breizh, vous pensez que An Post va l’emporter pour la 2ème année consécutive ?
A.B: « Sincèrement, ils vont être durs à battre. Ils sont plus forts qu’ils n’ont jamais été avec des jeunes comme Ryan Mullen, Conor Dunne, Aaron Gate entre autres. Le manager Kurt Bogaerts m’a avoué qu’ils veulent gagner sur les 2 tableaux, le Kreiz Breizh et le Celtic Challenge. Ca va être une belle bagarre car il y aura aussi le team National espoirs Irlandais sur ce KBE et les Bretons ne se laisseront pas faire aussi facilement. Ca va être un beau challenge ! »