Phts Olivia Nieto
8H3O du matin à l’hôtel Oceania de Kergaradec, près de Brest dans le Finistère, sur le bout du monde, le petit monde du cyclisme est en effervescence car dans moins de 3h débute le 32ème Tro Bro Léon, »L’Enfer Breton ». Un nom qui ne veut pas dire grand chose pour le grand public, mais pour les gens de cette région de Penn Ar Bed et les coureurs venus d’autres bout du monde, ce nom est synonyme d’une quête digne du « Grall », d’un sacre qui se mérite! Même le Namibien Dan Craven rêve de briller sur les ribinous du Finistère nord et de ramener la victoire dans son Afrique natale.
Nous, les « Be Celt », rejoignions le Team Bretagne Séché Environnement. Bien plus qu’une équipe, un porte étendard qui va s’engager sur un champ de bataille sur ces propres terres face aux coureurs étrangers. L’atmosphère est tendue, presque palpable, il ne manque plus que la chanson « Angel » des Massive Attack pour saupoudrer le tout. Les gestes sont lents, tout est au ralenti.
Des gars comme Jarrier, Vachon, Hutarovich, Delaplace, Laborie, Ledanois, Gérard ou Perichon le savent, ce team est bien plus qu’une équipe, elle est la fierté Bretonne, un peuple est avec eux. Non, Bretagne n’est pas seulement une marque comme les équipes qui vont s’affronter, mais un pays, des valeurs et des couleurs, beaucoup plus q’un sponsor. Le coureur le sait, il n’ignore pas cette double casquette. A la tête de ce team, on retrouve un Malouin, Emmanuel Hubert dit « Manu ». Un p’tit gars des Côtes d’Armor, avec un caractère bien trempé à l’image du granit qui borde sa région avec, en prime, une fierté régional digne d’un corse (tiens, c’est aussi son pays de coeur!). Mais le chef de clan a décidé que le général de cette bataille serait Roger Tréhin, le » Lorientais ». Toujours souriant et discret, il se révèle être un terrible tacticien. Roger a déjà ficelé le plan d’attaque et donné ces ordres. La bataille du Tro Bro Léon peut commencer, ces guerriers sont prêts.
Notre Ambassadrice Olivia Nieto se dirige vers le convoi des Bretagne Séché Environnement, elle sera les yeux de Be Celt, une capteuse d’émotions, le témoignage de cette épique aventure. Les « mécanos » s’affairent auprès des montures des chevaliers, peaufinant les derniers réglages. Le soigneur Cédrig Boishardy fête sa 42ème saison sur cette terre ce jour là, rêvant secrètement d’une victoire des ces p’tits celtes.
Les coureurs arrivent un par un, le regard fermé, la concentration a déjà commencé. Ils s’enfoncent dans le bus, répétant sans cesse les divers scénarios possibles durant cette épreuve, ils n’entendent plus, ne voient plus. Ils sont déjà sur Tro Bro Léon.
Le bus arrive à Lannilis sur la scène du champ de bataille. Les Finistèriens applaudissent leur armée et n’ont d’yeux que pour ces derniers, tels des Catalans fières de leur FC Barcelone. Le roi du pays frontalier, Thomas Voeckler, est même venu se mesurer sur ces celtiques chemins. Les « celtics » se présentent à leur public, levant les mains tels des gladiateurs avant l’ultime combat!
La bataille s’engage et dans les grésillement de la radio course, on entend que 5 « Bretagne » font parti du groupe de tête. Sur chaque point de ravito, le van et les voitures des Bretagne attendent leurs coureurs, roues tendues bien haut, bidons portés du bout des doigts en espérant que les « Boys » se portent bien et que leurs montures soient toujours d’attaque. Jarrier a crevé par 2 fois, mais qu’importe, il faut revenir sur le groupe de tête, surtout revenir, rein d’autre! Ce sera chose faîte par 3 fois, laissant des forces à chaque assaut, mais il est là avec son frère d’arme Perichon, prêt à lancer l’ultime attaque qui fera flancher l’assaillant. Attaquer, on ne peut rien leur reprocher tant les gars donnent tout ce qu’ils peuvent, ils ont cette rage en eux, cette envie de combattre.
La poussière, les chemins maudits, les bosses, rien ne fera flancher les « boys » de Bretagne Séché Environnement. Il la faut cette victoire! Alors ils y vont, attaquant sans cesse, un par un, comme sur les routes du Tour de France 2014, celui qui les a fait découvrir au public Anglais et mondial. De la générosité, ils en ont plus dans les tripes et cette victoire, ils la veulent, plus que tout.
Mais, parfois, l’assaillant domine ces guerriers Celtes. Et c’est avec un goût amer, se mélangeant aux effluves de poussières amassées durant cette journée en Enfer, dans la bouche que Jarrier capitule. Ils ne l’ont pas eu ce « Grall » sur cette terre qui leur semble maudite à jamais, mais ils ont montré cette hargne, juste ce qu’il fallait pour faire frémir une fois de plus le peuple Breton. Et qu’importe le résultat à nos yeux, ils ont été des valeureux Bretons ce jour là !