.
Il a marqué l’histoire du cyclisme breton et a été, durant une bonne dizaine d’années, l’un de ses meilleurs ambassadeurs, Christophe Le Mével, le natif de Lannion, vient de prendre sa retraite après 13 ans passés dans les rangs professionnels. Le champion de Bretagne juniors 1998 en a fait du chemin. Dixième du tour de France 2009, vainqueur du Tour du Haut-Var en 2010, 3ème du tour de l’avenir 2004, 2 tops 15 sur le Giro d’Italia, il a aussi brillé sur les classiques avec une 9ème place sur la Flèche Wallone en 2011 et une 4ème place sur la Classique San Sébastien en 2012. Il dresse un bref bilan de sa carrière de cycliste.
Christophe Le Mevel, vous avez mis un terme à votre carrière, pourquoi ce choix ?
« J’ai 34 ans maintenant , je ne suis plus le jeune coureur fringant que j’ai été (rires). Mais à cet âge-là, le corps commence à éprouver des difficultés, on n’est plus au meilleur niveau. De plus, je n’ai pas vraiment eu d’opportunités réelles, ni de contacts avec des équipes World Tour et donc pas de projets concrets à mes yeux. Cela m’a permis de faire un petit break, de souffler un peu après 14 ans de métier de coursier. Et surtout, je suis devenu papa de jumeaux et mes priorités dans la vie ne sont plus les mêmes. Voilà les raisons pour lesquelles j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière mais le monde du vélo n’est pas loin et les projets sont là, on verra l’année prochaine, je n’en dit pas plus. «
.
Justement votre carrière a débuté en pro au Crédit Agricole. Quels souvenirs gardez-vous de cette première équipe ?
« C’était une grand famille, je m’y sentais bien pour mes premiers pas en tant qu’équipier. C’était une équipe française mais avec beaucoup d’étrangers comme Nicolas Roche, Jérémy Hunt, Thor Hushov Mark Renshaw et d’autres. J’aime bien ça, ce mélange de cultures, j’ai toujours eu un goût prononcé pour les autres. Même mon agent Andrew McQuaid est irlandais et il a une bonne connaissance du cyclisme international, je n’aurai jamais pris un agent français pour rester en France, j’avais besoin de découvrir le monde. Avec Crédit Agricole, c’était ça, de plus Roger Legeay était un grand manager, qui avait compris l’essence même d’une équipe. En plus d’être un bon patron, il est quelqu’un de très humain, toujours à l’écoute. C’était une vraie famille et on a gardé le contact. Avec eux, j’ai gagné une étape au Tour d’Italie. »
.
Puis vous avez rejoint le team FDJ en 2009…
« Là, j’ai confirmé les espoirs qui étaient en moi. L’année du « déclic » comme on dit. j’ai pris confiance, j’ai vu que je pouvais faire de grandes choses comme ma 10ème place au Tour de France, 10ème au Dauphiné et 10ème de Paris-Nice. La FDJ m’a permis de gravir une marche et de réaliser pleinement mon potentiel. »
Pourtant, vous partez avec les Américains de Garmin de 2011 à 2012…
« Là, le pied ! Une équipe anglo-saxonne avec une culture du vélo comme je l’aime. C’est Jonathan Vaughters qui m’a contacté et qui est venu me chercher. Un grand monsieur du cyclisme. Quand j’ai eu mon grave accident en 2002, c’est un des rares à être venu prendre des nouvelles de mon état de santé. Après cette chute, j’ai roulé toute ma carrière avec cet handicap à ma jambe gauche. Ensuite, dans ce team, il y avait de sacrés coureurs comme Dan Martin ou David Millar. Ce dernier avait réalisé un super travail pour moi sur la Flèche-Wallone en 2011, je termine 9ème de la course mais c’était une vraie course d’équipe. Tout comme sur le Giro, où je me lance à chaque fois dans les 10 premiers des premières étapes et pas loin du leader au général grâce aux potes du team(il restera longtemps à 3 sec au général et finira 14 ème au général). C’était de grands moments avec Garmin. »
.
Et enfin, vous finissez chez Cofidis…
« Oui, enfin là , ça n’a pas été mon meilleur choix, et le pire a été de faire confiance à leur entraîneur quand je suis arrivé. A cause de ses entraînements, j’ai fait un sur-entraînement et je me suis épuisé avant même le début de la saison 2013. J’avais fini par perdre la motivation, je n’arrivais plus à retrouver mon niveau et la flamme s’était éteinte. Sur les courses, je n’étais plus combatif, je n’avais plus de « gnac ». Je n’ai malheureusement pas retrouvé l’esprit famille que j’ai connu ailleurs dans les autres équipes. C’est dommage de finir ma carrière comme ça mais bon, j’ai eu une superbe vie de coursier tout de même et de grands moments. Je souhaite tout de même le meilleur à mon pote Taaramäe chez Astana, je suis sûr qu’il va retrouver son meilleur niveau et que l’on va le revoir très bientôt. »
.
Suivez vous l’actualité du cyclisme breton ?
« Oui bien sûr, la Bretagne est dans mes gênes, donc je regarde toujours ce qu’il s’y passe. Sur les courses, on se retrouve souvent entre Bretons même si l’on n’est pas dans le même team, On possède un esprit très clanique, très Celte Il y a une sacrée nouvelle génération avec des gars comme Olivier Le Gac qui est un véritable moteur ou Warren Barguil que j’avais rencontré sur la dernière Vuelta (C. Le mével termine 22ème après avoir travaillé pour son leader Navarro). Il ira loin, c’est un grand en devenir.C’est une nouvelle génération qui a du talent. »
Le vélo est il raccroché pour de bon ?
« Comme je vous l’ai dit déjà non , il est toujours là. Mais je vais prendre un petit break avant de passer à des projets qui m’intéressent. Sinon, ce week-end, je vais participer au Télethon à Paris avec mes amis du club cycliste des « Toques Blanches » composé de grands chefs. On fait ça depuis longtemps, on roule pour lutter contre cette maladie. Par ailleurs, l’esprit de famille du Crédit Agricole est toujours intact puisque c’est mon ancien coéquipier Eric Berthou qui me prête un vélo de sa marque Raleigh. Il est devenu le directeur de cette marque Anglaise en France depuis peu. C’est marrant parfois la vie, j’ai commencé à faire du vélo par le VTT et mes premiers vélos étaient des Raleigh. Et pour ma dernière sortie, ce sera un Raleigh, cette marque m’aura suivie toute ma vie en fin de compte (rires). »
.
ENGLISH VERSION
.