
L’Afrique s’éveille au cyclisme et quelques coureurs commencent à apparaitre dans le peloton pro comme le Namibien Dan Craven chez Europcar ou son coéquipier érythréen Natnael Berahne. Dans leur sillage, d’autres essaient de se faire une place comme le Rwandais Bonaventure Uwizeyimana chez MTN Qhubeka ou le jeune Janvier Hadi qui va courir bientôt le Tour d’Alberta sous les couleurs du team Garneau-Quebecaur. Le Burkinabè Abdoul-Aziz Nikiema qui porte les couleurs du VC Pontivy espère rejoindre ces précurseurs.

Abdoul-aziz, comment se passe les courses en Afrique ?
« Il y a plusieurs différences : tout d’abord chez nous au Burkina, c’est plat. Ici, ça monte et ça descend, ça m’a beaucoup déstabilisé au début, mais ensuite je me suis adapté et j’ai pris le rythme. J’avais déjà été stagiaire au centre Mondial du Cyclisme en Suisse en 2012 et je savais à quoi m’attendre. En Bretagne, ça attaque tout le temps et de tous les côtés. Au début, j’ai un peu souffert mais maintenant je fais des top 15 et me retrouve souvent dans le peloton de tête. Ca m’a beaucoup appris de courir en France et je suis sûr que je reviens chez moi avec un bel acquis et j’espère le conserver jusqu’au Tour du Faso et celui du Cameroun. «
Comment est perçu le cyclisme en Afrique ?
« C’est de plus en plus populaire. Sur les courses, il y a un monde fou comme sur les grandes courses européennes, parfois ça peut faire peur. Il faut voir le nombre de gens amassés le long des étapes qui scandent votre nom. C’est un truc de dingue ! Ça nous motive et ça transcende un coureur. Ça donne envie aux enfants de devenir coureurs aussi. »

Comment vous sentez-vous au VC Pontivy ?
« Super, au début ils ne me connaissaient pas mais la mayonnaise a pris tous de suite. Ils sont formidables et surtout ils me donnent de bons conseils. Il y a une super ambiance au VC Pontivy. Sur les courses, quand je coince, il y a toujours un des coureurs qui vient me soutenir pour repartir de plus belle. Sérieux, ça compte beaucoup. »
Vous comptez revenir courir en France ?
« Oui, j’espère, ici on apprend le métier de coursier. Le plus dur, c’est de trouver une équipe. En Afrique, il y a beaucoup de team Européens qui viennent courir. On essaie de se faire remarquer du coup pour que l’une d’entre elles nous donne notre chance. Mais il nous faut des gens comme Remi Jamin qui ont un réseau pour pouvoir nous aider. Il faut que l’on soit bon c’est sûr, mais sans ces gens qui nous aident , on ne peut arriver à rien. »

Demain, il y a le Grand Prix de Plouay, vous y serez? Et après?
« Oui, aujourd’hui pour m’entraîner, j’ai participé à la cyclosport et je termine 3ème. Demain, en élites, j’essayerai de faire de mon mieux avant de rejoindre le Burkina le 2 septembre. Je devais participer au tour de Côte d’Ivoire mais il va être sûrement annulé à cause du virus Ebola, du coup, je ne vais pas rouler durant un mois. Ensuite, je vais défendre mon titre sur le Tour du Burkina Faso et j’enchaînerais sur le tour Du Cameroun et le championnat du continent Africain où j’avais terminé 9ème l’année dernière. La saison prochaine, on verra, j’espère intégrer une équipe et pourquoi pas en Bretagne. »

Rémi Jamin, son entraîneur
[quote font= »0″ font_size= »14″ font_style= »italic » arrow= »yes »]Quand je l’ai vu la première fois, il y a 2 ans, sur le tour du Faso où il termine 2ème au général, j’ai tout de suite senti un potentiel chez ce coureur. Je ne me suis pas trompé puisqu’il a remporté l’année suivant le général de ce même Faso et le Tour de la CEDEAO en remportant tout les classements et maillots. J’ai alors décidé de le faire venir en Bretagne, cela a été dur, tout d’abord de le faire sortir de son pays, et de lui trouver un club qui puisse l’encadrer mais Le VC Pontivy a répondu présent et ils ont été formidables avec lui. En plus, il n’avait pas eu le droit de prendre son vélo pour le voyage en France, c’est le magasin « Les cycles Carrer » qui lui a prêté tout le matériel, ils ont tout de suite soutenu Abdoul-Aziz et ce sont des gestes qui faut souligner.[/quote]