Après avoir été coureur, puis organisateur de courses comme le Tour de Nashik et le Tour de MumBai en Inde, l’Irlandais David McQuaid est devenu manager de Synergy Baku Cycling Project, une équipe continentale. L’Azerbaïdjan qui a aussi investi dans le football avec Lens en France et l’Atletico Madrid en Espagne, mise aussi beaucoup sur le cyclisme professionnel et a confié le team à l’ancien consultant d’ITV. Ce dernier a du ralentir l’élan de ces nouveaux mécènes et à crée une équipe solide et ambitieuse mais qui préfère ne pas brûler les étapes. Be Celt a voulu en savoir plus sur cette équipe que nous avons découvert sur les routes du Kreiz Breizh Elites 2013.
David , quel bilan tirez-vous de votre première année avec Synergy Baku Cycling Project?
« 2013 a été un succès. C’est indéniable. On fait 14 victoires sur les courses UCI au final. En fait, si vous regardez bien on fait 39 podiums. Cependant, l’objectif du projet « Baku Cycling » n’est pas seulement la victoire , il y a, entre autre, un objectif de grande envergure : développer le cyclisme en Azerbaïdjan. En 2013, les coureurs avec qui nous travaillons se sont améliorés, et le niveau d’intérêt des jeunes en Azerbaïdjan a considérablement augmenté . Ainsi, la première année de l’équipe a eu beaucoup de bonnes répercussions. »
Des événements particuliers vous ont marqué lors de cette saison?
« Le meilleur souvenir vient du Tour de Langkawi , cet événement a été notre première venue en course, 8 semaines seulement après les premiers contrats signés. Ensuite, il y a eu notre très belle performance au Tour de l’Azerbaïdjan devant des équipes World Tour. Je retiendrais aussi la victoire sur une course par étape , à Kirill au Tour de Chine. Un autre fait marquant a été la victoire de Samir au Jelajah en Malaisie. Le cyclisme azéri entend percer sur la scène du cyclisme mondial. Quant aux mauvais souvenirs, probablement le vol de tous nos vélos sur le Tour de la Chaîne Baltique. C’est le seul événement dont je garde un mauvais souvenir et qui me laisse un goût amer. »

Quels sont vos objectifs pour la saison prochaine ?
« Nous avons remodelé notre équipe en faisant appel à des coureurs plus forts, des gars expérimentés. Je souhaite que nous puissions monter à un niveau supérieur dans le cyclisme européen. Nous allons encore faire des course en Asie, et je pense que nous allons obtenir de bons résultats là-bas mais nous allons courir plus souvent sur le continent européen la saison prochaine. Nous nous sommes crée très tard pour entamer une saison 2013 en Europe, plusieurs courses étaient déjà bouclées quand nous avons commencé. Maintenant, on est installé et je peux donner la garantie aux organisateurs qui nous ont choisi que nous leurs donnerons de beaux résultats et de solides performances.
Nous pouvons apporter beaucoup aux jeunes coureurs, et pas seulement aux Azéris, regardez l’Irlandais McConvey ou Daniel Klemme qui vient du team Leopard U23. En tant qu’équipe continentale, nous agissons parfois comme une vitrine pour les équipes World Tour et je suis sûr que l’un de nos gars signera pour une équipe de premier plan pour 2015. »
Il y a combien de coureurs et de nationalités dans votre équipe ?
« La saison prochaine, nous aurons 17 voire 18 coureurs. Comme nous sommes sur un double programme, généralement entre l’Asie et l’Europe, nous avons besoin de coureurs. En 2013, il y a eu une période où nous avons eu des problèmes d’équipiers qui n’ont pu démarrer la saison pour des raisons médicales. Une équipe continentale peut avoir un maximum de 16 coureurs mais on peut faire signer des spécialistes supplémentaires selon les règles de l’UCI et nous profitons de cette règle. En 2014, nous serons 5 Azéris, 3 Allemands, 3 Australiens, 2 Autrichiens, 2 Ukrainiens et peut-être 2 irlandais. McConvey reste mais peut-être qu’il aura un compatriote. »
Vous serez sur des courses françaises ?
« Oui, c’est dans nos plans. La France offre de bonnes courses. Cependant , étant basé dans le sud de l’Autriche, la majorité des courses en Europe où nous irons se dérouleront dans les pays limitrophes à l’ Autriche. Nous particperons encore au Kreiz Breizh, l’organisateur nous l’a confirmé. Nous cherchons une autre course, en Bretagne ou le Nord de la France, ce qui nous permettrait de faire une session plus longue en France. »
Que pensez-vous de ce défi celtique entre le Kreiz Breizh la An Post Ras ?
« Je pense que c’est une excellente idée. La Bretagne est ancrée dans la culture celtique. Je me souviens m’y être rendu lors d’une visite en Bretagne pendant l’une des années où j’ai travaillé avec ITV sur le Tour de France. Cela ressemble à l’Irlande , ils ont même agité des drapeaux irlandais ! Quan a la Ras, elle est célèbre dans le monde entier aujourd’hui , célèbre pour sa course erratique, c’est une contrainte mais aussi son esprit est unique. Le défi Celtique rassemble les Celtes, c’est de l’amitié.De plus, les pays qui sont concernés ont produit et vont encore produire quelques bons cyclistes. Je pense que ce sera vraiment intéressant à long terme. »

Vous avez été coureur et maintenant vous êtes un manager, que pensez-vous du cyclisme actuel ?
« Pour être honnête, je suis jaloux des gars. Le cyclisme est tellement plus professionnel, les structures ont grandi maintenant et les possibilités que ces gars-là ont de progresser sont illimitées . Même en regardant en arrière, dans mon pays l’Irlande, la Fédération est beaucoup plus organisée, il y a un programme piste et d’autres choses encore. De plus, le cyclisme actuel est beaucoup plus clean maintenant, il est possible de gagner « proprement ». Quand j’étais en Italie en tant qu’amateur à la fin des années 90, ce n’était pas facile de gagner en étant « propre », ou alors il fallait une belle équipe et une alimentation adaptée . Je ne regarde pas en arrière comme quelqu’un d’aigri , j’ai apprécié mes années en tant que cycliste. J’ai connu de magnifiques endroits et rencontré de bons amis, dont certains sont encore coureurs dans les équipes de World Tour aujourd’hui. »
Le Tour de France partira de Leeds en Angleterre en 2014, des Pays-Bas en 2015, certains Français regrettent l’internationalisation du Tour de France. Quel est votre sentiment à ce sujet?
« Le Tour de France est un événement de taille gigantesque à l’échelle mondiale. C’est le plus grand événement sportif annuel dans le monde, j’avais l’habitude de citer ce fait unique : quand j’étais enfant, j’étais fier de pouvoir dire cette particularité aux gens ce que c’était comme une Coupe du Monde de football ou les Jeux Olympiques, mais que le Tour de France, lui, était unique car il se déroule chaque année. Maintenant, avec de l’expérience, en étant très impliqué dans les affaires du cyclisme, je constate que le Tour de France est une grosse entreprise internationale. J’ai travaillé sur 4 Tours pour la chaîne de télévision britannique ITV entre 2004 et 2007. J’ai vu tout cela de l’intérieur, c’est énorme. Alors, quand vous dites internationalisation, bien sûr je suis pour, et c’est normal parce que l’argent doit faire tourner cette entreprise et cela fait partie de la vie si on veut continuer à exister Si ASO ne donnaient pas une wild card pour les équipes françaises, et si j’étais un Français impliqué dans le cyclisme professionnel du pays alors je me sentirai lésé mais ASO invite des équipes françaises et cela permet à certaines entreprises d’investir dans ces équipes pro-continentales là, juste pour cette occasion. Du coup les équipes vivent. »
Justement, postulez vous à être pro continental en 2014-2015?
« Oui, sans nul doute. On le sera. Quand j’ai rencontré la Fédération de l’Azerbaïdjan, ils visaient haut dès le début. Ils ont voulu acheter des autobus et des camions, ils mettaient le paquet, mais j’ai dû les ralentir et penser de façon rationnelle. La meilleure façon de se développer , c’est de faire lentement, pas à pas, notre apprentissage ; il faut apprendre à marcher avant de pouvoir courir ! Moi y compris. Après avoir été un cycliste, j’ai suivi les traces de mon père et me suis engagé du côté de l’organisation de course, d’abord en Malaisie, puis par moi-même dans des endroits comme l’Inde par exemple. Créer une équipe c’est autre chose, nous avons en grande partie un team inexpérimenté : Jeremy Hunt (ancien Directeur Sportif de Sky) et McCann travaillent ensemble pour leur permettre d’avoir une base solide. Après 2 deux saisons en conti, nous aurons l’expérience et le savoir faire pour nous permettre de passer à l’étage supérieur. Il y a d’autres raisons qui nous poussent à être plus performants et plus pros . Les nouvelles règles de l’UCI qui arrivent peuvent interdire aux équipes continentales de participer à toutes les Hors Catégories classées. Ils essaient d’être plus équitables avec les équipes pro-conti qui jouent le jeu avec le passeport biologique, elles sont admises à participer et c’est une excellent décision. Pour l’instant, nous pouvons participer que dans les Tours Classé HC de Langkawi et du Qinghai mais ne pouvons pas le faire en Europe. En étant pro-Conti en 2015, nous serons admissibles à des événements HC en Europe tels que la Turquie ou l’Autriche et c’est ce que nous cherchons pour l’année prochaine. »
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David, what is your assessment for this 2013 season?
« 2013 was successful, there is no other way to describe it. 14 UCI wins was the final total. In fact if you look a bit deeper, it adds up to visiting the podium 39 times. But running the Baku Cycling Project is not just about victories, it has a far reaching goal. It is about developing the sport of cycling in a country, Azerbaijan. In 2013, the athletes we were working with have improved, and the level of interest from youth in Azerbaijan has grown. So the first year of the team has had very many good consequences. »
What your best memories and the worst ?
« Best memories would be seeing the team perform so well at Tour de Langkawi, this event, our first coming just 8 weeks after the contracts were signed to create the team. Then we have our dominating performance at Tour de Azerbaijan plus finally winning a stage race, with Kirill’s victory at Tour of China. A further highlight was Samir’s win in stage 5 of Jelajah Malaysia, Azerbaijans break through onto the World Cycling stage.
Bad memories, probably just the theft of our equipment at The Baltic Chain Tour is perhaps the only thing that I look back and it leaves a sour taste. »

What are your goals for next season?
« We’ve re-shaped our team, we’ve taken in stronger riders, experienced guys. I’d hope that we can perform to a higher level in Europe now. We’ll still race in Asia, and I’m pretty confident that we will maintain our results there, but the Europe Tour, we’ll race more in 2014. Because we started very late in the day for the 2013 season a lot of the events in Europe were full. Now we have starts, I want to repay those organisers whom are giving us a place with good results and a strong showing.
I’d like also to think that we can bring on the young guys, not just the Azeri, Look at McConvey, or Daniel Klemme coming from Leopard U23, he’s just 21. As a Continental team, which we will be again in 2014, we act sometimes as a shop window for the World Tour Teams, I’d like for one of our guys in 2014 to be signed by a leading team for 2015. »
How many riders and how many nationalities?
« Next year we’ll be 17, possibly 18 riders. Because we ride a double programme, usually between Asia and Europe, we need numbers. In 2013 there was a period where we had issues fielding start teams due to injury of illness. A Continental team can have maximum 16 riders, but can sign additional specialists as per UCI rules, we are taking advantage of that rule. In 2014 we’ll be 5 Azeri, 3 German, 3 Australians, 2 Austrians, 2 Ukranians and 1, possibly 2 Irish. McConvey stays, but possibly he will have a fellow countryman, this is not confirmed now at time of writing »
Will you come in France ?
« Yes, this is in our plans. France offers good racing. However, being based in Southern Austria, the majority of or Euro racing will feature countries bordering Austria. Our participation at Kreiz Breizh again is confirmed and we will look to build up another event around this participation, thus coming to Brittany or Northern France for blocs, or longer periods. »
You were a rider before and now you’re a manager, what do you think of the current cycling ?
« I’m jealous of the guys to be honest. Cycling is so much more professional, the structure is great and the opportunities these guys have to progress are unlimited. Even looking back to my own country Ireland, the Federation are much more organised, there is a track programme etc Plus the current cycling is a lot more pure, it’s possible to win clean. When I was in Italy as an amateur it was the late ’90’s and it wasn’t so easy to win clean, or on the back of good training and diet. But I don’t look back with a sour view, I enjoyed my years as a bike rider, saw some new places and made good friends, some of whom are still pro bike riders in World Tour teams now. »What do you think about This Challenge celtic between Kreiz Breizh and An post Ras ? »I think it is a great idea. Brittany is steeped in Celtic culture. I remember being blown away when visiting Brittany during one of the years when I worked with ITV on the Tour de France. It looks like Ireland, they even wave Irish flags! The Ras is famous worldwide now, famous for it’s erratic racing, it’s hardship but also it’s friendship. The Celtic Challenge is bringing Celts together, its a friendship thing. There is for sure a fit. Plus, the nations you mention have produced and still are producing some good hard bike riders. I think it would be interesting. »
The Tour de France will start from leeds in 2014, Netherlands in 2015, few French people regret the internationalization of tour de France.Waht is your feeling about that ?
« The Tour de France is a monster size event. Its the biggest annual sporting event in the World, I used to quote this fact when I was a child, as I was proud to be able to tell my friends this, that it was in the same league as the soccer World Cup or the Olympics, but yet the Tour de France was unique as it happened every year…. But now somewhat more mature, and involved in business, I can see how the Tour de France is big business. I worked on 4 Tours for UK television channel, ITV between I think 2004 and 2007. I saw it all from the inside, it’s huge. So when you say internationalization, sure it happens because money talks. Thats business and it is part of life. If ASO were not giving wild cards to French teams, then as a French citizen involved in grass roots cycling, then I would feel aggrieved but the answer is that they are, and this is why certain businesses invest in French Pro Continental teams, because of this opportunity. »
Conti-Pro next year ?
« Yes, without doubt yes. When I first met with the Azerbaijan Federation they were aiming for the stars, they wanted to buy buses and trucks, I had to slow them down and all think rationally. The best way to develop is to do slow slowly, one must learn how to walk before we can run. Myself included. After being a bike rider I followed my father’s footsteps and got more into the race organisation side, first in Malaysia, then on my own in places like India etc. Putting this team together, we have largely an inexperienced crew, Jeremy Hunt recently retired, McCann the same. But people that will end up being great achievers in their new roles. Having two seasons under our belt, with the experience that that brings us gives us a prime time to step upto Professional Continental.
There are other reasons also why we NEED to step up also. New UCI rules coming soon may prohibit Continental teams from competing in HC ranked events, as they are trying to be fairer to Pro Conty teams whom are in the biological passport and investing in it etc, and I completely agree with this move, I think it is excellent. So for now we can compete in the HC ranked Tours of Langkawi and Qinghai, but cannot do so in Europe. By going to Pro Conty in 2015, we are eligible for HC events in Europe, like Turkey or Austria and for sure we can hope for competing there with this new ranking. »