Le départ de Mario Lemina officialisé quatre minutes avant la clôture du mercato est-il un point de rupture historique pour le FC Lorient? On ne pourra le savoir que d’ici quelques mois mais la façon dont s’est passé ce transfert laissera immanquablement des traces entre le président Loïc Féry et l’entraîneur Christian Gourcuff qui est en fin de contrat en juin prochain.
Il est 23h56, le 2 septembre quand Mario Lemina signe le fax qui l’envoie à Marseille contre 4 millions d’euros. Une opération qui a fait et fera encore couler beaucoup d’encre. Des médias avaient même avancé que le technicien breton avait mis sa démission sur le table en apprenant le départ du champion du monde U20 sur lequel il comptait pour la suite de la saison.
Une information démentie le lendemain par l’intéressé mais on peine à croire Christian Gourcuff tant il a crié sa colère ce soir du dernier jour du mercato : « Même si je n’ai pas tous les éléments, c’est une erreur à tous points de vue: sportif, stratégique, financier, pour l’image du club. On prône le football autrement, là, il a pris un coup, c’est évident. » L’entraîneur a même évoqué « un manque de respect pour sa fonction ».
Loïc Féry, le président du FC Lorient a regretté que son entraîneur affiche sur la place publique toutes les tensions apparues au club. Cependant, il est légitime de se poser des questions quand Féry fanfaronnait quelques semaines plutot sur Twitter en affirmant avoir refusé des offres à plus de 10 millions d’euros pour Traoré et Ecuélé Manga.
Si Lorient refuse d’un côté la vente de joueurs qui pourraient rapporter tant d’argent, pourquoi se précipiter pour vendre un espoir du club pour moitié moins d’argent? Féry s’est expliqué sur différents médias mais là encore, pas d’argument valable car, comme l’indique Gourcuff cette vente de Lemina est injustifiable sur les plans « sportif, stratégique, financier » et même pour « l’image du club. »
Alors, Lorient a sous doute fait une grosse bêtise en laissant filer un tel joueur, surtout pour récupérer Abdullah et Azouni. Lorient s’est appauvri techniquement mais pendant la trêve, le président lorientais a tenté de recoller les morceaux en invitant mardi les groupes de supporters et leurs médias à une réunion. Si sa communication s’est avérée bonne, l’absence de membre du staff sportif à cette réunion dénote peut-être déjà la cassure entre l’administratif et le sportif chez les Merlus.
Hier, pourtant, alors que le sujet refroidissait tranquillement, l’incendie s’est subitement réveillé par l’entremise du député socialiste Gwendal Rouillard qui a déclaré au Télégramme que Loïc Féry s’était « disqualifié » avec ce transfert de Lemina. Le député demandant des comptes sur la santé financière du club étant donné que le centre de vie de Kerlir est sur le point d’être terminé et que le FCL, par son président, réclame une quatrième tribune au Moustoir.
Si cette tribune est indispensable pour le club, l’élu n’a pas manqué d’essayer de renvoyer le président lorientais devant ses incohérences mais l’intérêt de cette attaque hors-de propos et très en retard sur le timing des événement prête plutôt à sourire tant elle est maladroite. D’ailleurs, aujourd’hui, Loïc Féry a répondu à l’élu de la République par un communiqué bien ficelé dans les colonnes du Télégramme. Malheureusement pour le sportif, ce genre de guéguerre médiatique entretient une drôle d’ambiance dans les travées lorientaises. Un bon résultat à Monaco dimanche pourrait-il ramener de la tranquillité? Rien n’est moins sûr puisque ce n’est plus du rectangle vert dont on parle à Lorient depuis deux semaines au grand dam de Christian Gourcuff.