Depuis 1903, le Tour de France rythme le mois de juillet des fans de sport. Devenu un événement planétaire, la Grande Boucle répare un oubli en débarquant en Corse pour la première fois. Avec trois étapes « corsées », l’Ile de Beauté sera pour beaucoup de coureurs celles des souffrances car cette édition du centenaire va démarrer très fort avec notamment plusieurs cols à franchir.
Pendant trois jours 198 coureurs vont arpenter les routes qui serpentent autour de Porto-Vecchio, Ajaccio, Bastia et Calvi. La grosse difficulté des deuxième et troisième étape risquent de mener à un écrémage jamais vu sur la Grande Boucle. Dès demain, les favoris vont se disputer la succession d’un Bradley Wiggins qui ne sera pas là pour défendre son bien. Sur le carreau physiquement, le sujet de sa Majesté laisse la voie libre à son ambition coéquipiers Christopher Froome qui avait rongé son guidon l’an passé dans les étapes de montagne pour respecter la hiérarchie du Team Sky et emmener Wiggins en jaune sur les Champs-Élysées.
Des images qui rappelaient le duel Bernard Hinault Greg Lemond au sein de l’équipe La Vie Claire dans les années 80. Le jeune loup américain devant travailler pour le bien de l’équipe et surtout préserver cette tunique jaune qui faisait du Blaireau l’égal des Anquetil et Merckx au palmarès du Tour de France avec cinq titres. Après, l’Américain a volé de ses propres ailes et a remporté trois Tours de France. Certaines équipes ont une histoire particulière avec l’épreuve, c’est le cas de l’équipe Ti Raleigh-Creda en 1980 qui profite d’une tendinite du Boss Hinault, rentré chez-lui avant la 13ème étape.
Le boulevard est ouvert pour l’équipe hollandaise qui rafle tout derrière Joop Zoetemelk. Raleigh-Creda enfile 11 victoires sur cette 67ème édition de la Grande Boucle et n’a plus d’adversaire avec l’abandon d’Hinault. Joop Zoetemelk enfile le maillot de leader dans les Pyrénées et ne le lâche plus son bien, lui qui avait tant de fois échoué près du podium.
Le Tour c’est aussi de belles histoires comme ce Colombien de 23 ans, amateur, sorti de nulle part laisse sur place tous les favoris de l’épreuve dans l’Alpe d’Huez. Jamais un Colombien n’avait remporté un étape du Tour, il en remportera trois dont une mémorable où il fut victime d’une chute dans la descente du col de la Croix de Chaubouret et franchit la ligne d’arrivée le visage ensanglanté à l’image d’Hinault un an plus tôt, à Saint-Étienne aussi.
Tous penseront à ces champions au moment de prendre le départ d’une première étape Porto-Vecchio -Bastia très tranquille au contraire des deux suivantes, Bastia – Ajaccio et Ajaccio – Calvi avec notamment un col de deuxième catégorie, le col de Vizzavona le 2ème jour et celui de San Bastiano le 3ème. En dehors de Froome (Sky), on attend Alberto Contador (Saxo-Tonkoff), qui, après son retour de suspension, déborde d’ambition avec son coéquipier l’Irlandais Nicolas Roche.D’ailleurs pour Bernard Hinault « Il faut se méfier de Contador même s’il sera face à l’équipe Sky qu’on dit puissante. Dans la montagne, l’Espagnol a toutes ses chance, ce n’est pas l’équipe qui va pédaler à la place de Froome. » Cadel Evans (BMC) et Andy Schleck (Radioschak), les espoirs déçus des précédentes éditons seront là. Peut-on espérer un Français, difficile à dire. Il faudra suivre Rolland (Europcar) tout en surveillant les Espagnols Joaquim Rodriguez (Katusha) et Alejandro Valverde (Movistar).