Le temps d’un week-end, la commune luxembourgeoise de Belvaux sera le théâtre des championnats du Monde de cyclo-cross. Entre retournements de situation et sensations, cette épreuve pourrait bien réserver quelques surprises.
À l’image de cette fièvre qui prit forme au milieu du XIXe sur le continent Nord-américain, tous sont focalisés sur cet unique objectif: conquérir l’or. Mais avant de se voir attribuer ce médaillon de métal précieux, il faut faire face à une épreuve. Une épreuve à la saveur si singulière, où l’imprévisible est certain et qui allie excitation et anxiété. Une épreuve, qui a la faculté de couronner tant de sacrifices et de briser des rêves. Une épreuve à la fois courte dans sa durée, mais dont la reconnaissance est éternelle. Bref, une épreuve qui propulse son lauréat sur le toit du monde, le temps d’une année. Depuis le début de saison, le cyclo-cross manifeste sa rudesse et ses injustices. À l’image de l’infortuné Toon Aerts, un seul faux-pas peut vous mettre au tapis. Le dernier week-end de janvier, les meilleurs crossmans du monde s’élanceront dans cet ultime effort, dans cet ardent désir de dominer les chemins et de marquer l’histoire.
Mano à mano ?
Indissociables et difficilement domptables, Wout van Aert et Mathieu van der Poel seront attendus au tournant. Tandis que le premier rêve une nouvelle fois d’iriser son maillot, le second n’a qu’une envie: le lui dérober. Depuis le début de saison, les combats se suivent et se ressemblent. Un duel quasi-permanent entre ces deux virtuoses des sentiers. Toutefois la donne a changée. Les événements survenus ces dernières semaines ont sensiblement bousculés l’ordre établi. Le retour suprême de Lars van der Haar lors de la dernière coupe du Monde à Hoogerheide ou encore la montée en puissance des outsiders tels que Corné van Kessel ou Marcel Meisen, pourraient bel et bien transformer le scénario de ces Mondiaux. Touché par un problème d’articulation du genou mais assuré de remporter la Coupe du Monde, Wout van Aert ne s’était pas rendu à la dernière manche d’Hoogerheide. Mathieu van der Poel, lui, figurait parmi les concurrents de ce GP Adrie van der Poel mais a terminé 24ème. Une place logique, selon lui, suite à une éprouvante semaine de stage en Espagne. Il y a peu de temps, tout le monde s’attendait de nouveau à assister au mano à mano des deux hommes. Mais ces championnats du Monde pourraient bien réserver quelques coups de théâtre.
Et les frenchies ?
Corva di Azzano en 1993. Dominique Arnould est sacré champion du Monde. Le natif de Luxeuil-les-Bains est le dernier Français en date à s’être imposé sur cette épreuve divine. Depuis, malgré l’influence de Francis Mourey et de Steve Chainel qui récoltent les places d’honneur, aucun n’est parvenu à se hisser sur la plus haute marche du podium. Cette année encore, il paraît utopique que l’on entonne la Marseillaise lors de la cérémonie protocolaire. Et si Clément Venturini créait la surprise ? À Pontchâteau lors de championnats d’Europe ou plus récemment sur la coupe du Monde à Hoogerheide, le champion de France en titre à de nouveau prouvé qu’il avait les capacités de rivaliser avec les grands. Une victoire peu paraître improbable, mais lors d’une course d’un jour, d’une heure, tout peut arriver.
Par Camille Le Saux
Crédits photos: Graham Watson/UCI – Camille Le Saux/Be Celt – Tim de Waele/TDWsports